Mise au point d'un plan (suite de "Tendre la main")

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Jasmine avait traversé le désert depuis Agrabah sans encombres.
Ayant veillé à ne pas se faire repérer tant qu'elle se jugeait à porter des regards des gardes qui patrouillaient le long des remparts, elle s'était accordé de pouvoir monter un peu plus haut une fois la certitude acquise de ne plus pouvoir être vue.

La Montagne des voleurs était un lieu qu'un peu de bon sens aurait classé dans les lieux à ne pas fréquenter.
Mais le bon sens, du moins tel qu'on avait l'habitude de le considérer, était mis à mal depuis que le monde avait basculé dans le Chaos. Les voleurs faisaient la loi, les marchands honnêtes étaient malmenés tandis que les marchands véreux et sans scrupules faisaient profit... Et les Princesses s'associaient à d'autres voleurs pour survivre.

Le fait ne dérangeait plus Jasmine depuis un moment. Au moins son enfant était en sécurité. C'était là le plus important pour elle.
Arrivée au pied de la montagne, elle prit la peine de faire quelques détours.
Mais elle n'avait pas été suivie.
Elle put donc se rendre à l'entrée de la cachette. Les sentinelles postées dans les anfractuosités de la montagne l'avait repérée. Aussi les portes étaient déjà ouverte quand elle se posa.

Maintenant en sécurité dans les contreforts de la Montagne, Jasmine put enfin respirer plus librement.
Malgré la présence des voleurs et de toutes sortes d'objets obtenus illégalement, elle s'y sentait bien. C'était l'un des derniers lieux de son pays où elle pouvait encore trouver de la sécurité.

Elle fut bientôt rejointe par Salëm, une sentinelle à laquelle elle avait déjà souvent parlé. Elle appréciait son caractère, à la fois bourru mais ouvert.
Si elle lui sourit quand il arriva, après sa question, le visage de la Princesse s'assombrit. Quelle que put être sa propre sécurité en ces lieux, elle avait le devoir de penser à celle de ceux, à l'extérieur, qui avait besoin d'elle et des autres rebelles.

"C'est toujours la même misère, là-bas, tu sais? Ils sont toujours plus à ne plus pouvoir se nourrir décemment! C'est tout juste si les personnes âgées ou inutiles à la société ne sont pas tuées pour servir de nourriture aux autres. Mais à quoi d'autre s'attendre donc quand un être aussi cruel que Jafar est au pouvoir?"

Jasmine fulminait intérieurement. Le coeur battant la chamade, elle parvint néanmoins à contrôler sa voix, que la colère faisait trembler.

"Mais il y a plus urgent! Il faut que je rencontre Cassim pour lui parler d'une mission! Est-ce que tu sais où il se trouve?"

Jasmine dut se faire violence pour rester calme.
Cassim, chef des voleurs et père d'Aladdin, était intelligent et rusé. Et au moment précis où elle avait besoin de lui, il n'était pas là.
Alors que le sort d'un enfant était en jeu. Qu'importe... Elle devait faire avec.

° Après tout je suis entourée de voleurs qui ont réussi à ne jamais se faire attraper. Pourtant je me souviens encore très bien des expéditions punitives de mon père! °

Occultant quelques instant le visage de Salëm de son champ de vision immédiat, Jasmine tourna la tête pour observer les voleurs qui s'activaient. Malgré les différences qui les opposaient, les voleurs et elle, ils lui avaient accordé sa protection quand elle en avait eu besoin, ainsi qu'à sa famille.

Alors elle revint à son interlocuteur!
" Salëm... Aujourd'hui, un jeune garçon s'est fait arrêté sur la place du marché... Il a pris une pomme à un marchand... A l'aube, sa main sera tranchée. Je ne sais pas qui il est. Mais il faut le sauver!"

Elle savait que les voleurs ne souhaitaient pas s'impliquer personnellement dans la politique d'Agrabah. Mais jamais elle ne réussirait à sauver l'enfant sans aide. Elle se détestait déjà d'avoir à employer de telles méthodes, mais elle devait ruser.

"Salëm, je connais ton engagement à rester éloigné de la vie politique d'Agrabah. Et je sais aussi que tu ne veux pas engager tes hommes là-dedans. Mais cet enfant... il pourrait être ton fils! Je ne l'ai pas vu! Et pourtant j'étais non loin de l'entrée. Sans compter qu'il aurait facilement retrouvé ma trace. S'il s'est fait arrêter, cela explique sans problème qu'il ne m'ait jamais trouvée. "

La Princesse laissa planer un silence pour laisser le temps à la sentinelle d'assimiler ce qu'elle venait de lui dire. Puis elle jeta sa dernière carte:

"Alors je te le demande, Salëm... M'aideras-tu à le sauver?"

Quand Salëm lui avait asséné qu'il ne pouvait lui être d'aucune aide, Jasmine avait cru que la montagne s'effondrait sur sa tête.
Mais ses paroles avaient été entendues et sa prière avait été exaucée. Certes, ce n'était pas vraiment à ce qu'elle s'attendait. Mais au moins c'était quelque chose.

° Maintenant je dois faire avec ce qui m'est offert! La chance que je sollicitais m'a quelque peu boudée mais... pas complètement! °

Telles furent ses pensées tandis que son regard se posait sur le fils aîné de Salëm.
Pendant la tirade du vieux voleur, la Princesse avait senti son coeur se serrer d'émotion. Plutôt que d'exposer ses hommes, la Sentinelle lui confiait l'aide de son propre fils. Ce geste paraissait peut-être anodin dans cet univers où la survie se faisait par la force et la ruse; Seulement, pour la mère qu'elle était, il signifiait beaucoup.

Avec une pensée émue pour Jahid, elle fit relever Ralëd.

" Je n'ai plus de princier que le titre. Alors, je t'en prie, ne prends pas la peine de t'agenouiller devant moi! Il nous faut nous dépêcher. Un enfant... Ou plutôt deux, puisqu'il est aussi question de retrouver ton frère... Quoi qu'il en soit, nous devons sauver ce pauvre innocent de ce crime impardonnable qu'on s'apprête à lui faire subir. "

Pendant un instant elle observa un silence. Elle n'ignorait pas que Ralëd obéïrait au mot près aux consignes de son père. Malgré tout elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une vive reconnaissance pour ce jeune homme qui mettait son bras et ses armes à son service.

" Merci! "
Dit-elle au jeune voleur le plus sincèrement du monde. Puis elle inclina la tête vers lui, prouvant par là l'estime qu'elle avait pour lui.

Puis elle l'entraina à sa suite pour mettre au point le plan qui avait germé dans son esprit, changeant quelques détails face à la situation nouvelle.

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